Abstract
La validation des acquis de l'expérience (VAE) présente la particularité de bousculer la lecture chronologique, et proprement linéaire, des parcours formation-emploi. Elle montre combien le rapport entre le temps de formation et le temps de l'exercice professionnel ne peut se réduire à un "avant" ou un "après", respectivement rapportés à la formation ou à la pratique professionnelle. Outre le changement opéré institutionnellement dans l'approche d'une formation tout au long de la vie, dont on déclare qu'elle n'est précisément plus "continue", il importe d'insister sur la dimension projective d'une certification qui, apparemment, opère sur le mode rétrospectif.
Interroger la VAE, c'est étudier une forme de certification où l'on vient au jury avec le récit de ses pratiques pour se prévaloir d'une expérience dont on estime qu'elle équivaut à l'expérience scolaire ou universitaire sanctionnée par un diplôme et/ou un titre. Par-delà les références à la durée, c'est-à-dire au temps écoulé de l'expérience vécue, je propose ici d'axer mon analyse sur une dyschronie caractéristique de la VAE, laquelle ouvre sur de nouvelles formes de constructions identitaires, jusques et y compris dans la manière de penser et de vivre le rapport du sujet au travail, à la formation, à l'institution et à la société. (...)