Abstract
Contre une tendance qui se fait jour dans différentes approches en vue d’une "théorie de l’activité" et des sujets en général, on souhaite ici contribuer à mieux situer les activités réelles dans les situations sociales qui les insèrent et dépassent. On le fait à partir d’une situation empirique (une réunion de travail), analysée à l’aide des grilles avec lesquelles Hymes (1980) étudie les "événements de parole". Leur analyse permet d’expliciter les dimensions sociales (normes, valeurs, présupposés) agissantes dans les prises de parole des sujets en activité qui, en discussion les uns avec les autres, sont ensemble suspendus à une dynamique d’échanges qui les dépasse. Les conflits d’orientations qui les lient, opposent et divisent, s’expliquent en partie par les positions que les sujets occupent "avant" la réunion et produisent des effets après celle-ci : les enjeux discursifs se traduisent dans les activités professionnelles qu’ils concernent. En explicitant ainsi tout ce qui "équipe" et contraint une activité, relève de dimensions sociales et de dynamiques en partie impersonnelles, son importance et efficace propre s’en trouvent réduits, ce qui invite à se référer moins à l’activité en général qu’à des activités concrètement situées.