Résumé
Dans l’enseignement technique agricole, l’agronomie tient une place centrale, en particulier pour les diplômes techniques tels que les baccalauréats professionnels CGEA, ou les classes de BTS APV ou ACSE. Pour autant, la constitution des savoirs et des références est en perpétuelle évolution, d’abord avec le développement de la discipline, à la fois scientifique et technique, mais aussi par l’importance des enjeux agroécologique qui poussent à renouveler les compétences et les métiers agricoles de demain. Dans ce contexte, le projet de recherche Didacphyto, achevé en 2016, a cherché à questionner l’intérêt et l’usage possible de ressources produites par les sciences et techniques agronomiques pour favoriser l’enseignement de la gestion des bioagresseurs économes en pesticides. L’étude s’est centrée sur les conditions de mise en ressource de sept artefacts à des fins d’enseignement et d’apprentissage. Cet article examine plus particulièrement, à travers l’analyse détaillée des usages de deux logiciels différents, les problèmes relatifs à l’écart entre leur conception a priori et leur appropriation par les enseignants en formation. L’approche adoptée pour cela intègre à la fois le point de vue de la conception, un point de vue didactique sur les contenus enseignables, et un point de vue instrumentale sur l’activité d’usage en situation d’enseignement. L’analyse éclaire d’une part les écarts entre la logique de conception et celle des usages, et d’autre part, permet d’examiner les phénomènes de genèse instrumentale (en particulier l’instrumentalisation) de la part des enseignants lors de la préparation et la mise en œuvre de séances pédagogiques intégrant un des artefacts. Ces résultats sont discutés au regard des enjeux d’apprentissage portés par le programme « Enseigner à Produire Autrement », notamment à travers l’expression du potentiel didactique et pédagogique de ces outils en conditions effectives d’enseignement.
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