Résumé
Que s’est il passé depuis vingt ans sur ce que l’on a pu considérer longtemps comme le continent de l’ingénierie de la formation, disposant un temps de sa cohérence propre, de définitions en voie de stabilisation, d’un corpus théorique évolutif, d’auteurs de référence, de formations universitaires formant aux fonctions de ce champ d’activité reconnu ? Plusieurs auteurs dès la fin des années 1990, notamment lors du colloque de Dijon en 19971, constatent son éclatement. Sur quoi reposerait cette position, quels seraient alors les facteurs enclenchant des forces centrifuges, quel processus socio-historique mènerait à cet apparent éclatement. Assiste-t-on à une décomposition d’un champ débouchant sur une dilution de ses lignes de frontière, prémices d’une phase anomique et annonciatrice de sa disparition ? Nous dirigeons nous au contraire vers de nouvelles recompositions, un nouvel ensemble plus complexe, non plus continent, mais archipel, c'est-à-dire monde composé de plusieurs entités, formant configuration (Elias, 1981), faisant système ? En reprenant une citation de l’inclassable et controversé Jünger "pendant la mue, le serpent est aveugle". Comment dépasser cette apparente opacité et brouillage des repères signalé depuis dix ans. Quel constat opérer aujourd’hui, quel état des lieux procéder pour tenter de donner sens à cet ensemble ? Quel cadre théorique semble se dessiner autour de ce que Ardouin définit comme "concept-outil partant de la pratique vers une conceptualisation ?" (2003, p. 12) (...)