Résumé
La mise en oeuvre du nouveau référentiel d’activités et de compétences du métier d’infirmier diplômé d’Etat et les changements annoncés concernant la formation des cadres de santé, bouleversent les pratiques d’enseignement et modifient profondément la formation.
Cet article s’inscrit dans un continuum de travaux portant sur l’ingénierie de l’alternance, comme enseignant-chercheur et concepteur d’ingénierie. L’alternance enseigne l’art de relier, le temps et l’espace, théories et pratiques. Travaillée dans le champ de l’ingénierie de la formation, elle s’impose comme "école de la conjonction" (Guillaumin, 2010 b) lorsqu’elle a pour première intention d’articuler. Ce processus complexe, à l’école de Simon (1991) et de Le Moigne (1990, 2002), se définit par son exercice et son résultat, et dans le contexte de l’ingénierie, par un construit inventif, un dispositif ingénieux. La notion "d’émergence ingénieuse" (Guillaumin, 2010 a) apparaît ici féconde pour comprendre, au sens de prendre ensemble, les "transactions aux frontières des organisations" (Pineau, 1980), le saisissement d’une occasion furtive (kaïros) et le surgissement d’un monde (Varela, 1989). Il n’est plus opportun de se saisir de modèles déjà-là qu’il suffirait d’appliquer. Il importe alors d’apprendre à s’ingénier, à concevoir des réponses en contexte, fragiles, incertaines, ce qui n’exclut pas la rigueur de leur construction, de leur accompagnement et de leur évaluation. Cette ingénierie constructiviste associe ces quatre processus sans exclure leurs enchevêtrements. (...)