Résumé
Cet article, qui vise à penser les rapports paradoxaux susceptibles de se tisser entre intervention et accompagnement, s’appuie sur une situation de formation partagée avec un groupe d’agriculteurs. Je dois à J.P. Gillier de m’avoir donné l’audace du dispositif de formation à visée modélisante qui servira ici de support. En effet, avant le moment d’échange informel que nous avons partagé un jour de juin 2007, il me semblait que toute entreprise de modélisation ne pouvait être que le fruit d’un long travail d’élaboration propre au chercheur, la modélisation formalisant l’articulation de son travail théorique et de ses résultats de terrain, dans une visée de généralisation, voire d’universalisation des-dits résultats. Jean-Philippe Gillier me fit part, ce jour là, d’interventions qu’il avait effectuées auprès de professionnels sur des temps assez courts (2 à 3 jours), au cours desquelles les professionnels-stagiaires modélisaient leurs pratiques de façon empirique et cependant efficiente pour eux, - suffisamment efficiente, en tous cas, pour leur permettre ce que l’on attend d’une modélisation : un changement de regard, et donc de possibilités d’action, sur leurs propres pratiques. Lorsque C. Boyer-Durrieu, alors consultante, me sollicita pour animer avec elle quelques heures d’un dispositif de formation en cours, convaincue qu’elle était que cette phase de modélisation devenait à ce moment essentielle, l’aventure possible est devenue à réaliser, et, d’abord, à inventer. (...)