ENTRE ETATS-D’AME ET POSTURES DE CHERCHEUR : ECHOS D’UNE EXPERIENCE DE TERRAIN EN MILIEU DEFAVORISE A MONTREAL

Abstract

Cet article propose une réflexion sur un terrain de recherche doctorale (Lafortune, 2012)1 réalisée auprès de jeunes de milieux populaires d’origine haïtienne à Montréal. Dans le cadre de cette recherche, une dizaine de jeunes aux profils contrastés (en réussite scolaire, en difficulté scolaire au secondaire ou en situation de décrochage scolaire) ont été invités à raconter leur expérience scolaire, en se prononçant notamment sur leur rapport à l’école et aux savoirs scolaires (Charlot, Bautier et Rochex, 1999). L’étude multicas reposait sur des entretiens individuels approfondis à caractère biographique. Il s’agissait d’une biographie à plusieurs voix (Desmet et Pourtois, 1993), croisant le discours du jeune sur sa trajectoire à celui de personnes proches qu’il a lui-même désignées et issues de son environnement familial, scolaire et sociocommunautaire. Les jeunes ont également été invités à compléter un bilan de savoir suivant deux modalités de réponse : rédaction d’un texte narratif ou poétique, réalisation d’une illustration commentée (dessin, caricature, symboles...). Si la démarche proposée a semblé rejoindre les jeunes en réussite scolaire, il en a été tout autrement pour les jeunes en difficulté scolaire et plus encore pour les 72 décrocheurs, "sans diplôme, marqués par l’échec scolaire et confrontés à la galère" (Demazière, 2008, p. 19). Des premières tentatives de contacts jusqu’à l’analyse des données, un certain nombre de questionnements méthodologiques, théoriques et éthiques ont surgi qui nous semblent révélateurs des défis liés à la recherche auprès des populations socialement démunies. Nous soulignons les points saillants de cette expérience auprès des jeunes en présentant le contexte de recherche, le processus de prise de contact avec les intermédiaires et les participants, les conditions d’analyse des entretiens.
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