Abstract
La notion de dispositif est tellement familière aux acteurs de la formation professionnelle qu’elle paraît aller de soi. Elle est mobilisée autant dans les travaux de recherche que dans les discours relatifs aux pratiques. L’appel que les trois coordinateurs de ce numéro ont lancé dans la revue TransFormations pour contribuer à sa conceptualisation a été entendu. Les contributions des douze auteurs, qui forment le substrat de ce numéro présentent des expériences, des analyses, des propositions théoriques visant à préciser cette notion. Dans cette introduction on s'attachera à comprendre comment cela questionne les discours et pratiques d’ingénierie et leurs éventuelles évolutions.
LE DISPOSITIF ENTRE DOMINATION ET INITIATIVE
Les dispositifs sont appréhendés principalement par la mise en évidence de deux fonctions : ils sont le moyen d'une domination au sein d'un espace social défini, celui du travail, de la formation et de l’insertion sociale ; ils sont tout autant le cadre de prise d'initiative de la part des acteurs qu’ils réunissent. Ils sont la manifestation de différentes positions sociales et s'inscrivent dans une technologie de pouvoir mais ils sont aussi des cadres de transformation et d'invention de soi allant bien au-delà de ce que chacun pouvait imaginer. Ces deux conceptions convergent pour reprendre la définition du dispositif comme ensemble de moyens coordonnés en vue d'une fin et, pour ce qui concerne la formation, comme un ensemble de ressources organisées en vue de favoriser les apprentissages de catégories de public déterminées. La perspective de domination valorise le pouvoir des institutions et leur fonction d’influence, la perspective d’initiative insiste sur les possibilités pour chacun de compléter, dévier voire subvertir les éléments prédisposés à son attention. (...)