Abstract
L’analyse des dispositifs éducatifs ou de formation peut se nourrir du principe de l’ergonomie selon lequel "la conception d’un dispositif se poursuit dans son usage". Cette heureuse formulation permet de soutenir l’idée d’une distribution de l’activité "ingénieuriale" entre les acteurs participant, de près ou de loin, au dispositif. En cela, elle opère une rupture avec la dichotomie classique entre conception et exécution. Elle permet aussi d’aborder les dispositifs de manière à considérer l’informel, l’imprévu et, plus largement, les événements inattendus qui émaillent la vie des dispositifs. Cependant, cette perspective peut aussi aboutir à masquer un aspect du rapport qui s’instaure entre dispositif et usagers d’un dispositif. Cette dimension, celle de la contrainte ou de la "technologie du pouvoir" (Foucault, 1975, p. 155), est celle qui a été initialement travaillée au travers du terme "dispositif" lui-même. Cette contribution propose, sur la base de l’analyse d’un dispositif de formation à destination d’adultes maîtrisant peu la lecture et l’écriture, de revenir sur cette dualité constitutive des dispositifs de formation.