DE LA TRANSMISSION DE L’EXPÉRIENCE À L’EXPÉRIENCE DE LA TRANSMISSION. DE LA FORMATION À LA TRANSFORMATION

Abstract

Les ressources de la narration ne se réduisent pas à une fonction représentationnelle, qui aurait pour référence et pour antécédence un vécu donné. Les récits fictionnels portent la marque d’une autre possibilité. Et la prégnance culturelle de ceux-ci témoigne d’une disposition générale à la réception, qui ne dépend pas du crédit accordé ordinairement au factuel. L’exemple des contes sera ici retenu comme emblématique. Nous commencerons par prendre en considération l’articulation entre expérience vécue "réelle" et son récit ("factuel" ?) dont nous ferons l’hypothèse que nous pouvons la rapprocher du "fictionnel", pour marquer son hétérogénéité à l’informe, l’insigne et l’indicible d’un "vécu". Nous retournerons ensuite ce rapport, pour envisager le récit fictionnel comme point de départ, comme "amont" d’effets (Gadamer, 1996, p. 284 ; Jauss, 1990) s’inscrivant dans le réel, voire produisant ce réel. Nous pousserons plus avant une telle perspective à partir des contes et de ce qui se produit avec et autour de leur transmission. Au-delà d’une simple "mise en forme" de l’expérience par le récit et de son éventuelle portée formatrice, nous tenterons de cerner les conditions d’accueil d’une expérience, qui suppose sans doute autant une réception qu’une formalisation. L’une et l’autre, réception comme mise en forme apparaîtront comme précédant toujours l’événement d’une parole tenue au présent. Nous montrerons alors la façon dont les liens de la transmission rendent possible le déliement d’un vécu comme de son récit assignateur et possiblement réifiant : par les potentialités transformatrices de l’acte de raconter toujours nouvellement la même histoire par lequel, au-delà d’une formation, une dynamique de transformation peut être investie.

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