INTRODUCTION : CONNAITRE LES ADULTES PEU SCOLARISES ET PEU QUALIFIES : DES RECHERCHES POUR COMPRENDRE ET AGIR
Véronique LECLERCQ, professeur en sciences de l’éducation au Cueep, membre du laboratoire Trigone, Lille 1, EA 1038
Le Réseau Français de Sociolinguistique a fait circuler en février 2008 un texte signé par 250 chercheurs en linguistique, sociolinguistique et didactique du français appelé "Langue et insertion : manifeste du Réseau Français de Sociolinguistique". Ce manifeste propose une critique des diagnostics linguistiques effectués sur les "jeunes en difficultés scolaires", "jeunes des banlieues", "enfants en échec de lecture" et dénonce l’utilisation de ces diagnostics par la presse, mais aussi par les pouvoirs publics, notamment l’Education Nationale dans sa volonté de réforme de l’école (enseignement de la lecture, de la grammaire…). Tout en réaffirmant la nécessité pour les élèves de s’approprier les normes du français, les chercheurs condamnent les approximations, les généralisations abusives, bref la méconnaissance des populations concernées. Les adultes de faible niveau de scolarisation et de faible niveau de qualification dont les dénominations varient (populations "vulnérables", "précaires", "défavorisées", "en difficultés", "sensibles", etc.) ont souvent fait l’objet des mêmes analyses hasardeuses, dénoncées par de nombreux chercheurs depuis que sont apparues sur la scène publique les problématiques de l’exclusion socioprofessionnelle, de l’illettrisme, de la sousqualification…